Ça y est, l’essence au plomb n’est plus utilisée dans le monde après près d’un siècle d’utilisation sur les routes du monde entier. Le dernier pays à avoir résisté, l’Algérie, a épuisé ses stocks d’essence au plomb en juillet. C’est ce qu’indique le Programme des Nations unies pour l’environnement, qui a passé 19 ans à essayer d’éliminer l’essence au plomb dans le monde entier.
Quelle est le problème avec l’essence au plomb ?
Pendant la majeure partie du milieu du vingtième siècle, l’essence au plomb était considérée comme normale. Ce n’était pas le cas : le plomb est un poison, et sa combustion avait des conséquences désastreuses. Mais comment s’est-il retrouvé dans l’essence en premier lieu ?
La réponse remonte à ce jour de 1921, lorsque l’ingénieur Thomas Midgley Jr. de General Motors a annoncé à son patron Charles Kettering qu’il avait découvert un nouvel additif permettant de réduire le « cognement » des moteurs de voiture. Cet additif : le plomb tétraéthyle, un composé hautement toxique qui a été découvert en 1854.
Le plomb tétraéthyle réduisait le cognement en augmentant la capacité de combustion du carburant, ce que l’on allait appeler l' »octane ». L’inconvénient : c’était un poison connu, décrit en 1922 comme « un liquide incolore à l’odeur sucrée, très toxique s’il est absorbé par la peau, entraînant presque immédiatement un empoisonnement au plomb ».
Les enfants, en particulier, sont vulnérables à des quantités même infimes d’exposition au plomb, et l’utilisation d’essence au plomb a été liée à un QI plus faible et à des taux plus élevés de crimes violents. L’exposition au plomb provoque également des maladies cardiaques, des cancers et d’autres maladies, et lorsqu’il est brûlé dans un moteur, le plomb peut facilement contaminer l’air, l’eau et le sol.
Une étape importante longtemps attendue
Aujourd’hui, un siècle après sa mise au point et 50 ans après que ses dangers ont été établis, l’essence au plomb – du moins en tant que carburant légal pour les véhicules routiers – n’existe plus.
Rob de Jong, chef de l’unité « Transports durables » du PNUE, travaille à l’élimination progressive de l’essence au plomb depuis son lancement en 2002. Il a fallu persuader des personnes qui n’avaient jamais roulé qu’avec des carburants au plomb qu’il valait la peine de payer plus cher pour passer au sans plomb. Selon lui, la grande majorité des pays en développement ont adopté l’élimination progressive en l’espace d’une décennie. Mais une poignée de pays ont fait de la résistance, notamment l’Algérie, l’Irak, le Yémen, le Myanmar, la Corée du Nord et l’Afghanistan.
Le dernier de ces stocks connus a été éliminé. Désormais, M. de Jong dit qu’il se concentrera sur les besoins des pays en développement en matière de normes automobiles plus strictes, de carburant diesel de meilleure qualité et de passage rapide à des véhicules à émission zéro. Selon lui, la longue bataille pour mettre fin à l’utilisation de l’essence au plomb a permis de tirer des leçons précieuses pour la lutte contre le changement climatique, notamment qu’il est possible de détourner les consommateurs et les industries d’un produit rentable mais nuisible.